12 avril 2006

Alix... Se confronter au mythe !

J'ai grandi avec l'envie tenace d'un jour dessiner des histoires pour moi d'abord et pour les autres ensuite.

Je savais dès l'âge de douze ans qu'un jour moi aussi je créerais un héros de papier. Mes parents n'y croyaient guère, et n'ont pas fait obstacle à ce projet de carrière, encore bien nébuleux chez un enfant. Mais j'ai tenu bon, et y suis arrivé.

La série Alix de Jacques Martin a été un de mes premiers moteurs, dans le journal Tintin, que je lisais chaque semaine à la fin des années 60. Je me souviens que le numéro 1007 de Tintin a été le premier que j'ai acheté. C'était alors le début du Tombeau Étrusque, vers la page 25 ou 26. Des souvenirs qui marquent. Séquence nostalgie...

Un beau jour de 68, alors que les pavés cachaient à peine la plage au Quartier Latin et que la France saisie d'une soudaine poussée de fièvre se révoltait en masse, est paru un petit livre de poche qui a guidé mes premiers pas vers la BD. Je sais de façon certaine que c'est ce livre qui a déclenché mon désir et tracé mon destin de dessinateur. J'allais avoir 12 ans...

À cet âge, dans ma Lorraine natale loin du bruit et de la fureur, politique et destin du pays importent peu, passant très au-dessus. Le hasard fait que je ne retiens de Mai 68 que le fait d'avoir acheté ce mythique petit livre, "Comment on devient créateur de bandes dessinées", rempli de textes, de photos et de dessins, suite de deux longs et passionnants entretiens avec des "pointures" de ce métier qu'étaient Franquin et Jijé.

J'affirme haut et fort que ce sont ces deux-là (et les conseils de Philippe Vandooren, auteur du-dit ouvrage) qui ont décidé de mon avenir... La plupart des auteurs de ma génération ont fait leurs classes avec cette véritable bible de chez Marabout bourrée de conseils et d'exemples...

Quelques mois plus tôt, j'avais découvert la série Alix, de Jacques Martin, (non pas celui de "l'École des fans"...) et les aventures passionnante du blond gallo-romain nous entraînaient à sa suite à Tarquini, pour sauver la belle Lidia des griffes du machiavélique Brutus, au coeur du Tombeau Étrusque...

Chaque semaine, deux pages, pour suivre ce haletant récit qui m'a donné envie de m'intéresser à Rome et à l'Antiquité plus que tout autre livre d'histoire rébarbatif et sans images.

Alors quand j'ai commencé à dessiner, tout naturellement je me suis mis à faire du Jacques Martin, dont les dessins nets et précis me semblaient proche de mon ressenti. Durant des années, y compris à l'école de dessin où j'ai passé quelques temps et où la BD était si mal perçue, j'ai été influencé par son trait, avant de croiser André Juillard et de changer d'inspirateur graphique.

Reste que la ligne claire réaliste de Martin au travers d'Alix et de Lefranc (ah, Le mystère Borg) a bercé mon adolescence et qu'il doit bien en rester quelque chose...


Ci-dessus une page "sous influence" très Martinienne d'une histoire complète en 5 pages (c'est la 4) réalisée dans les années 80 ("le Nuage" sur un scénario de Claude Gémignani, grand ami de Gilles Chaillet repreneur dans les mêmes années des "Lefranc", précisément... le monde est petit) avant de signer mes premiers livres chez Glénat avec la bénédiction d'Henri Filippini, mon directeur de collection d'alors...


Les éditeurs de la série cherchent un dessinateur pour reprendre le flambeau... Pas mal de confrères se sont mis sur les rangs pour faire des essais. Je me suis proposé récemment. On verra bien.


Une fausse couverture, une fausse page... J'ignore si cela plaira, mais moi, je me suis d'ores et déjà replongé dans les émotions de mon enfance.

En attendant mieux...

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