06 juillet 2011

Bien agacé !

Sur le projet Sandawe, 1300 euros à peine en plus d'un mois de présence.

Dont 850 d'une seule et même personne. Ça calme. Si je suis logique et ne me raconte pas d'histoires, je me dois de reconnaître que ça ne marche pas du tout et que le crowdfunding ressemble pour le moment à un vrai ratage.

Parce qu'il faut 48 000 euros !

Dans l'absolu en mettant hors-concours le donateur numéro un, le seul internaute qui a l'air d'y croire, reste 470 euros en un mois. C'est peu. Ils sont à peine une dizaine à avoir mis ne serait-ce que 10 euros. La plupart misant 50...

Sur 20 projets proposés, 4 ou 5 se détachent et paraissent professionnellement viables avec un vrai concept et des auteurs qui semblent apporter un truc, très réussis, mais les autres ressemblent trop à ce qu'on a déjà vu ailleurs et bien mieux. Pourtant les sous arrivent par grosses poignées. Je ne sais pas bien ce qui motive les investisseurs.

Avec 32 albums parus chez de grands éditeurs, je suis le plus capé des "Auteurs" d'un site qui en annonce plus de 500 ! C'est inepte, à ce compte, le moindre mec gratouillant de la BD sur des cahiers d'écolier ou pire sur son ordi se revendique "auteur" aussi et s'inscrit en tant que tel. Sauf que ça ne veut rien dire et minimise le côté pro. En réalité, il y en a une grosse trentaine, tout bonnement ceux qui ont un projet signé.

Car "auteur" c'est un gars qui a publié et c'est tout. Quand je n'avais pas encore de planches sorties dans un journal et plus tard en album, jamais je ne me serais cru investi ni aurait prétendu l'être, indûment.

Bref, suivant les conseils de Nicolas Vadot, je vais me laisser 6 mois pour voir et on retirera le projet s'il n'a pas décollé. Autant laisser sa chance à un autre gars, si ça ne prend pas. Je sais que David et moi avons largement le niveau pour ne pas nous laisser piéger dans un système dans lequel je crois, mais qui peut vite laisser penser à un enlisement si aucun édinaute ne se lance dessus... Là, à force, on se déconsidère et ce n'est pas le but.

Et puis les éditeurs classiques peuvent très bien se repencher sur le projet, le jour où.

9 commentaires:

  1. Le pire, et là je ne comprend plus rien de rien, est peut être le projet, qui tient le + debout de tous, amha, celui de Maltaite, qui, lui stagne depuis des lustres. Je ne crois pas non plus si j'en juge edistat ou GFK que Maitre Corbaque ait fait un carton, à cette heure du moins. Laurel malgré son blog et ses nombreux lecteurs stagne aussi.
    Donc, oui, le crowfunding ne décolle pas pour l'heure,
    tu rajoutes la surproduction hallucinante de ces dernières années, et comme disait le Général :
    ca fait la Rue Michel !!!

    RépondreSupprimer
  2. Rajout : 48.000 euros, c'est beaucoup, pour travailler dans la comm de grandes entreprises, j'ai souvent eu à faire fabriquer et imprimer par PPO des bd tirées à 12 ou 15.000 ex, j'ai pas souvenir d'avoir eu besoin de budget aussi élevé, c'est peut être là, que ça coince?

    RépondreSupprimer
  3. Je ne sais pas...

    Le budget est important, parce qu'il inclut 15 000 euros qui servent à rétribuer les auteurs, je sais pour avoir bossé dans la comm aussi le prix des choses, et le tirage, les frais, la pub etc... Bref, j'y crois mais je sens surtout que c'est devenu très très aléatoire.

    J'avais l'impression de présenter un truc qui pouvait séduire, sachant que je ne suis plus un perdreau de l'année et que j'ai quelques albums vendus à mon actif, ce qui devrait rassurer les investisseurs sur mon potentiel attirant des gens qui me suivent, mais bernique...

    Attention, je ne mets personne en cause, mon projet est peut-être sans intérêt, je ne sais pas. Disons que j'espérais un peu plus de gens, même avec de petites sommes, et que du coup, n'avoir convaincu que 10 personnes en un mois de présence quand je regarde attentivement ce qui est proposé, me surprend...

    Pour Laurel, je suis surpris aussi, elle est connue et douée, elle aussi devrait séduire... Il y a plusieurs projets qui semblent valoir le jus, attendons la sortie de fin aout pour juger des produits...

    Bref on regarde, mais il est clair que si ça perdure, on en reparlera avec Patrick et on mettra un terme à l'expérience... Je crois vraiment que c'est une bonne idée, mais il est possible que je ne sois pas dans le créneau voulu.

    RépondreSupprimer
  4. pour un homme qui connait la com, vous accumulez quand même plusieurs erreurs de com ici ! laissez moi vous dire ce qui motive les "investisseurs" en particulier, et les "gens" ordinaires, soit le public en général et qui les font fuir :

    - on choisit d'investir sur un "jeune" talent, rien à voir avec l'âge, mais avec l'idée de nouveauté : dire et redire que vous n'êtes plus un perdreau de l'année, c'est l'erreur majeur de com
    - on aime le risque, calculé certes mais quand même, le jeu est inhérent à la nature humaine, trop "rassurer" ne donne pas envie de jouer
    - ça a même l'effet inverse, ça décrédibilise : si vous êtes si rassurant pourquoi les éditeurs, investisseurs institutionnels ET naturels, qui eux n'aiment guère les risques, ne misent-ils pas les 48K euros sur votre projet ???
    - trop cracher dans la soupe, à la fois par rapport au système et au public, ça fait rebelle certes mais ça n'est pas positif, un projet doit montrer de l'enthousiasme, pas de la rancoeur
    - les goûts et les couleurs... franchement si on avait des recettes de ce qui tient la route, et donc qui va faire un carton, ou pas ça se saurait. trop éliste ou trop vulgaire, risque de flop assuré, ou pas... regardez ce qui marche dans la littérature, vous avez envie de faire du g musso ou m lévy ? non alors ne vendez pas un projet qui "tient la route" à coup sur et ne présumez pas du goût du public (vous seriez déçu)
    - votre public, vous le connaissez puisque vous faites l'effort d'aller à sa rencontre (enfin... un peu) donc analysez comment communiquer avec
    - les investisseurs sont grosso-modo de deux sortes : ceux qui sont intéressés par l'aventure du projet, et ceux qui sont intéressés par le résultat lui-même, peu leur important le process. la com doit donc être double et différencié
    - public de bd et acteurs de financement participatif, cela me semble un bon profil... un peu atypique cependant
    - parler d'argent c'est mal, parlez concrètement de postes à financer, ça parle à tout le monde et au premier bricoleur venu
    - et si vous féminisiez un peu votre com ? mmm ?
    B

    RépondreSupprimer
  5. @ B: j'entends tout ce que vous dites. Il y a des arguments qui sont tout à fait recevables, mais je n'en veux à personne dans ce que j'écris, ni ne crache dans une soupe de toute façon, bien chiche.

    Je constate. Je ne viens pas faire de la comm ou pire de la lèche pour dire "regardez comme c'est bien et venez mettre du pognon sur un album que je propose", non, je m'étonne du line up proposé et de la lenteur de réaction du site, certes, mais c'est juste mon regard

    Je travaille depuis des années dans ce secteur et je tente une expérience, disons que je ne suis pas pour autant béat et ravi de la crèche.

    Alors la pique sur les éditeurs qui ne "misent pas sur votre projet" est intéressante mais ne tient pas compte d'un marché frileux ou 90% des premiers tomes se plantent et où ces mêmes éditeurs frileux commencent à stopper de multiples séries. Certains ne prennent plus rien, ce n'est pas "moi, Erik Arnoux", mais l'ensemble des projets qui sont refusés en grand nombre. Aujourd'hui c'est pour ça que je me suis intéressé au crowdfunding. Ou à d'autres façon de faire, voire l'auto édition. Mais j'ai quand même quelques atouts et les choses se mettent en place. Si ça ne marche pas avec Sandawe, je ne vais pas rester de façon pathétique, mais je laisserai "un jeune" tenter le coup à ma place, ce n'est pas bien important...

    "parler d'argent c'est mal" ? c'est l'argument de base utilisé par les éditeurs et les pourvoyeurs de taf pour faire baisser les prix dans le secteur sans cesse depuis trente ans, pour bien baiser les auteurs depuis des lustres parce qu'on sait bien que "les artistes ça ne doit pas parler d'argent", c'est facile de dire ça, et ça ne me fait plus rire depuis longtemps...

    La BD, c'est mon métier, j'en vis et j'ai un loyer à payer aussi...

    Encore une fois, je fais un constat, je dis les choses que je ressens et je vais vous dire... Si ça ne marche pas, ce n'est pas dramatique, ça m'ennuie surtout pour David, qui mérite mieux et qu'en d'autres temps plus facile dans le secteur j'aurais proposé sans souci chez les gens qui m'éditent...

    RépondreSupprimer
  6. "parler d'argent c'est mal" ? c'est l'argument de base utilisé par les éditeurs pour faire baisser les prix dans le secteur sans cesse depuis trente ans, pour bien baiser les auteurs depuis des lustres"

    Très juste : On oublie très -TROP -souvent qu'un auteur a des charges, loyer, études de ses enfants, EDF etc etc, comme tout un chacun !

    La dérive " à la baisse " ( depuis 1968, je pense en argent constant et d'après un "ancien" qui aime bien calculer ) du prix des planches est catastrophique pour ce secteur artistique.

    Il ne faut pas se voiler la face, non plus, il reste beaucoup de "margoulins" dans l'édition encore,
    adeptes des prix super bas et accumulant tant de séries que leurs petits ruisseaux font de grandes rivières et maintient ainsi leur train de vie; ceci grâce aux trop nombreux auteurs ready pour travailler presque gratuitement pour être "enfin" édité, ce dont lesdits margoulins profite sans honte !!!

    Et ainsi, c'est malheureux à dire, mais, en tant que modeste libraire, la surproduction tue tout le monde, les auteurs, les libraires, et même les acheteurs, noyés sous un déluge de nouveautés.


    Libraire désabusé, car chiffre d'affaire en baisse constante depuis 2003 :(((

    RépondreSupprimer
  7. Oui, c'est exactement le constat qui me remonte d'un peu partout...

    RépondreSupprimer
  8. Pour avoir un mien ami, qui a du à cette date avoir vendu pas loin de 3 millions d'albums de sa série, avec 14 tomes au compteur celà fait du best sellers je pense, et bien, il vient de se voir refuser un projet nouveau
    Il y a clairement une volonté du zéro risque, zéro projet nouveau, chez les grands groupes, et de diminuer fortement l'hyper-production que tout le monde a vu apparaitre au fil des ans.

    Le temps peut être de réguler ce marché devenu fou!

    A côté de ça, on a une autre sorte de dérive chez les petits éditeurs, qui eux multiplient les séries - souvent sans avenir - comme Jésus jadis les pains, lançant à tour de bras des auteurs carrément amateurs ou débutants, acceptant très souvent de travailler juste au pourcentage, sans avances sur droits comme on le voit souvent sur Café Salé (!!!)

    Si on met ces 2 cas en //: l'auteur connu, avec de très bonnes ventes et un grand savoir faire issu de longues années de pratique, qui se retrouve sans son projet validé, et la foison de débutants qui inondent le marché avec dessins très approximatifs, fautes d'orthographes, couleurs hideuses etc ...

    Celà me semble totalement incohérent tout ça,
    Il y a un vrai problème !

    RépondreSupprimer
  9. Très clairement, le marché doit être limité et effectivement les petits éditeurs sortent des tas de bouses d'où émergent de temps à autre des perles, évidemment, mais le message ne passe plus, et le lecteur lambda se voit inondé et ne sait plus choisir.

    Du coup il ne choisit rien.

    Ma dernière dédicace chez Boulevard des Bulles a été édifiante, pendant une heure, en fin de journée et à l'heure où d'ordinaire arrive le public, pas une personne n'est entrée dans la librairie, ne serait-ce que pour regarder les piles de BD à l’entrée de la boutique...

    Et ce n'est pas lié à "moi", puisque c'est comme ça selon le libraire depuis le début de l'année...

    Grosse chute des ventes annoncée.

    RépondreSupprimer