11 juin 2012

Tous en Seyne évidemment...


Depuis 86 que je me déplace pour faire des signatures un peu partout en France, Suisse et Belgique, (oublions le Liban (1988) et la Russie (2006), merveilleux moments mais privilégiés et ponctuels dans le temps, des voyages très circonstanciels, donc…) j'avoue que je pense avoir un peu l'expérience des bons et des mauvais endroits, des traquenards éventuels et des surprises potentielles.

Copines et copains qui me font la gentillesse de me lire régulièrement savent sans doute que j'ai pris l'habitude depuis quelques années de mettre des appréciations sur les endroits où je suis invité pour signer mes œuvrettes, évidemment pas pour jouer les censeurs et les râleurs désagréables à la critique facile, mais pour faire part de mon ressenti d'auteur en déplacement.

Sans prétention aucune que d'informer, rien d'autre que le carnet de route d'un habitué des festivals se voulant barème indicatif pour les copains du métier autant que pour mes hôtes d'un weekend qui peuvent trouver dans mes observations matière à réfléchir sur ce qui est améliorable et ce qu'il faut conserver dans leur barnum.

Au début, rédigé par jeu, pour m'amuser au retour de mes pérégrinations et graver le souvenir dans "le marbre", c'est devenu peu à peu une manière de "guide des festivals" qui ne veut pas dire son nom. Et puis je me suis aperçu que de plus en plus de personnes passaient me lire. Du coup, je fais attention à être le plus impartial possible.

la SEYNE-sur-MER - 8-9-10 juin 2012

C'est la seconde année que je me rends dans le Sud, au festival de la Seyne sur Mer.

J'avais décerné l'an passé une très bonne note d'ensemble à l'organisation, 9 sur 10, quasiment un sans faute et j'ai bien senti que ce que j'allais en dire cette fois serait lu avec attention. Frank avait même hier soir au restaurant un geste amical dont je ne suis pas sûr de la signification, sans doute un rituel varois, voir toulonnais époque Fargette, un lent passage de gauche à droite de son index sur sa gorge avec un regard appuyé et un sourire affectueux… Ah, l'accueil des gens du Midi, hein !

Il faut dire que c'était un week-end un peu compliqué: Toulon en finale du rugby à Paris, les élections, leur budget amputé d'une bonne part et le stress inhérent à l'organisation d'un événement lourd, bref ils étaient inquiets et attentifs à leurs invités. Et aussi pour certains, marqués le dimanche par la défaite de Toulon la veille en finale du Championnat de France de rugby, club que regarde évoluer avec intérêt, depuis que le président n'est autre que Mourad Boudjellal, jadis mon éditeur quand il possédait encore Soleil, la maison d'édition qu'il créa dans les années 80. Un garçon que j'ai fréquenté et bien connu, dont j'admire sincèrement la réussite et le parcours par ailleurs. Bon, il a perdu, mais quand même…

1 - voyage      5 (sur 5)

En train et en première, à partir de Marne-la-Vallée à quelques kilomètres de chez moi. L'avantage de la première classe est devenu assez limité, puisqu'avec les tarifs accessibles à tous selon les périodes, on retrouve les mêmes fâcheux qui téléphonent en se croyant seuls au Monde, les retraités à moitié sourds qui parlent haut sur des sujets essentiels (en gros, est-ce qu'on les attend à la gare si le train a du retard…) et des mouflets hurleurs avec des adultes au regard las que jadis on ne rencontrait qu'en seconde. La démocratie y a gagné ce que la tranquillité du voyageur solitaire a perdu. Mais qu'importe, c'est quand même une sacrée attention de la part des organisateurs de faire voyager leurs invités dans les meilleures conditions possibles.

Aller et retour sans histoire: à l'aller on m'attend et le lundi matin pour le retour, mon chauffeur est dans le hall de l'hôtel à 7 heures comme prévu pour me monter à la gare.
2 - accueil     5 (sur 5)

Voilà bien un des aspects les plus importants de la Seyne: les organisateurs sont avant tout des passionnés convaincus dont on a l'impression qu'ils font le festival principalement pour rencontrer leurs auteurs préférés. Ils aiment les dessinateurs qu'ils invitent (curieusement, ce qui devrait être une règle d'or n'est pas le cas partout …) et il est clair que du coup, cette façon d'être instaure immédiatement une ambiance amicale très plaisante tout au long des trois jours… On se sent reçus par des copains, et pour moi qui vient pour la seconde fois, c'est encore plus palpable. L'impression de retrouver des potes quittés la veille…

À la gare, Stéphanie est là.

Comme j'ai accepté de signer dès mon arrivée le vendredi soir, elle me dépose au Kyriad pour que j'y laisse mes affaires, avant de filer vers 17 h au Leclerc du coin en pleine cité, à quelques centaines de mètres de l'hôtel. Il me semble que c'est pour renvoyer l'ascenseur à un des partenaires du salon (normal de jouer le jeu) qu'on m'envoie signer dans le centre commercial. Au passage, c'est la première fois que je vois autant de femmes voilées de noir, limite "grillagées" pour certaines. Dans mon coin de Seine et Marne c'est rare. Sauf curieusement à Disneyland...


Me voilà avec Fabio, dessinateur italien qui est aussi "d'astreinte" avec moi à l'entrée de l'hyper, pour dessiner quelques albums sous la houlette des deux libraires, Edwige et Corinne. Elles se désolent de voir si peu de monde mais sont gentilles comme tout et je reviendrai volontiers si on peut faire un truc autour de mon prochain album Champagne.

Ma BA est faite avant le retour à l'hôtel... On doit aller dîner.

3 - hôtel      5 (sur 5)

Je peux redire pareil que l'an passé. "Une carte magnétique passée devant la porte et on pénètre dans une chambre fonctionnelle, sans âme particulière comme dans beaucoup d'hôtels de chaine mais élégamment décorée, parquet au sol, surface agréable avec balcon et vue sur la mer, juste en dessous. On est SUR le port, je vous le rappelle… Salle de bain moderne, sans fuites au flexible de douche ou serviettes rêches comme trop souvent. Et depuis mon balcon, le festival, le port de la Seyne et la Mairie...


 Écran plat (mais image pourrie, dommage), literie impeccable. Petits déjeuners en chambre ou en bas au bord de la piscine chauffée dont malheureusement et bien qu'ayant pris mon maillot de bain, je ne me servirai pas cette année encore..." Autre point primordial, ce festival se déroule à... à peine trente mètres de l'hôtel ! Un des seuls salons que je connaisse qui offre un tel confort de fonctionnement aux Auteurs invités...

4 - repas      4,5 (sur 5)

- Le vendredi soir, dîner dehors dans un endroit un peu à l'écart où je ne serais pas allé d'emblée, mais c'était très bien... De surcroit, je suis en bonne compagnie mais aussi crevé parce que je me suis couché à 4 heures du matin pour finir l'album en cours et que je n'ai dormi que trois heures. Alors là, en fin de journée, je commence vraiment à ressentir la fatigue. Ce que j'ai choisi est très bon, salade, pièce de bœuf, je crève de faim en plus.

Me voilà attablé avec la femme de Laurent Galandon et l'ami Manuel, discussion très amicale et intéressante à bâtons rompus. Mais vers 23h, sentant que ça va durer encore et encore, je demande à Édouard de me ramener pour aller dormir. Extinction des feux. Nuit comment dire... Réparatrice ? Pour sûr.

- Excellent repas à nouveau le samedi midi, comme l'an passé, sur la plage, "aux Palmiers"... Cette année pour éviter que ça ne dure trop longtemps c'est un buffet qui est servi, très apprécié. Rien d'invraisemblable ni d'exceptionnel dans l'absolu, mais de la qualité, de la fraîcheur, l'idéal pour le midi. Et les petites serveuses sont adorables...

- Le dîner du samedi soir ? Argh, encore un buffet, dommage, cette fois dans un local à quelques dizaines de mètres de l'hôtel pour éviter les navettes pas toujours pratiques en fin de soirée. Au moins ici on peut s'éclipser quand on en a marre. Ce qui d'ailleurs est le cas, je suis ailleurs, le buffet n'est pas emballant... (rien de raté, toutefois, juste que c'est moins mon truc, que j'aurais aimé m'asseoir pour dîner et que je ne trouve pas ma place...)

En plus, au fur et à mesure que je vois arriver des plateaux chargés de trucs improbables, je me rend compte que décidément je n'aime pas quand je ne sais pas trop ce qu'on nous sert. Là, ça manque de raffinement à mon gré et c'est très très bruyant après une journée de signatures: tout le monde est regroupés dans une arrière-cour, au bout d'une galerie d'art et on est un peu serrés. Bref, vers 21h30 après avoir grignoté quelques brochettes étranges, je me tire dans ma chambre sans demander mon reste...

Et je m'endors devant la télé...

- Repas du dimanche midi... Sur la place, là encore pas loin du salon et en deux services. Je me débrouille pour être du premier, après deux heures de signatures... C'est très bon, copieux, à part une mousse au chocolat un peu... curieuse.

- Dîner du dimanche soir absolument parfait par contre, choix à la carte dans un resto au bord de la plage. Excellent dîner (une viande délicieuse) en comité restreint et une soirée cool, pas mal d'Auteurs sont partis déjà, ne restent que les amis de l'association et quelques auteurs qui ne quittent que le lendemain matin. Une soirée parfaite et décontractée avec beaucoup de fou-rires communicatifs. Très bonne fin de salon, vraiment mieux que l'an passé, où c'était trop long et bien moins bon.

5 - lieu      5 (sur 5)

On est sur la Côte, l'endroit est plus qu'agréable. Mais comme l'an passé on aura un mistral intense par rafales, gênant pour dessiner (les pages volent) puisqu'on signe dehors, mais on fera abstraction. Nos amis nous emmènent sur la "corniche merveilleuse" pour une balade en petit comité le dimanche matin avant d'aller signer. Et ils ne sont pas responsables de la météo. Je ne vois pas ce qu'on peut améliorer dans ce compartiment du jeu. J'ai suggéré une balade en mer, mais ce n'est pas facile à programmer...

6 - rencontres      5 (sur 5)

Auteurs: Quand l'ambiance est bonne, tout le monde est de bonne humeur et les rencontres se font aisément. De plus, nos hôtes ayant quelques restrictions de budget ont donc invité moins d'auteurs et du coup sont à mon avis tombés sur le nombre idéal, une petite trentaine seulement, soit un quart en moins que l'an passé, mais c'est bien plus plaisant, du coup...

Autant pour gérer, pour eux, que pour nous, la sensation d'être chouchoutés par nos amis qui m'ont donné l'impression d'avoir plus de temps à nous consacrer. Pas mal d'auteurs partent un peu tôt dans l'après-midi de dimanche, mais c'est souvent comme ça.

Le dimanche mon scénariste pour l'histoire du Champagne en BD, Jean-Marie Cuzin passe me voir. Il habite Toulon, et c'est bien de se voir puisque nous avons passé du temps sur Skype tous les jours pendant la réalisation de l'album. Je retrouve aussi quelques-uns de gars de l'an passé. Gine, Dan, Fino, Galandon venu avec femme et enfants...

Et de nouvelles têtes comme Anlor et son compagnon d'origine vietnamienne au prénom imprononçable, ou encore Théa... D'agréables moments...

Côté public, des gens déjà venus l'an passé, ou même ailleurs croisés dans d'autres festivals et des nouveaux lecteurs qui ont été séduits en me voyant faire des dessins sur place et ont investi à leur tour.

Je n'échappe pas à "c'est mon père qui lisait vos livres..."
7 - livres signés      3,5 (sur 5)

Et ça continue, depuis quelques mois, les ventes d'albums sont en chute libre et ça se ressent dans les ventes sur les deux jours.

Au passage, quand j'arrive, Sophie, (j'adore ce prénom...) la blonde responsable du stand FNAC n'a pas mes derniers albums, je "proteste" pour la forme et parce que j'ai quand même envie que les gens qui ont acheté le 1 l'an passé trouvent le 2...

Arrangeante, elle me promet qu'elle va les trouver dans la matinée. En fait, elle file en chercher au... Leclerc où j'ai signé la veille puisque là, on sait qu'il y en a...

Gag, elle arrive avec une vingtaine de tomes 1 et autant de 2, mais la caissière fait tomber tous les 1, foutus, cartons pliés, invendables. En fait "vendus", passés pertes et profits, mais du coup pas de 1 sur le stand.

De toute façon pas plus d'une vingtaine de bouquins vendus sur place, je le crains, les autres étant apportés par les lecteurs, certains achetés depuis belle lurette...

 Mais comme beaucoup de copains eux aussi payés en avances sur droits, tout ça n'est pas essentiel, que j'en vende un seul ou mille ne changerait rien pour moi puisque avant de rembourser l'avance, il faut parfois des années... Au mieux.

En conclusion, mes notes...

Accueil hébergement:      5 * (sur 5)
Note globale:       9 (sur 10)

Conclusion: Même note que l'an passé. Des petites variations.

La Seyne-sur-Mer propose un festival très agréable et convivial, avec une petite trentaine d'Auteurs désormais, nombre plus simple à gérer. Et ça se ressent.. Promis, il n'y en aura pas davantage pour préserver l'art de recevoir qui prévaut dans l'esprit de l'association qui m'a invité. 

Bien évidemment je le conseille à mes amis auteurs et je suis forcément partant pour la cinquième édition de juin prochain afin de retrouver les amis Frank, Stéphanie, Christophe, Édouard, Kamel, Laurent et tous les autres qui se dévouent pour faire de cette manifestation le meilleur moment possible pour tout le monde...

Alors merci encore...

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