03 novembre 2012

Travail en commun...

Pour l'album Glénat, on met la barre assez haut, d'autant que le scénario de J-L. Fonteneau m'enchante. Très agréable à mettre en images, avec l'avantage de connaître un peu le bonhomme, scénariste habile qui sait mener une histoire. C'est Glénat - voulant travailler avec lui - qui m'en avait parlé au début, sachant qu'on avait déjà travaillé ensemble sur Poker Face... J'ai été ravi.

Depuis deux mois, on a Chrys et moi l'ensemble du scénario en magasin, lu et relu, Jean-Louis n'a plus qu'à attendre avec intérêt ce qu'on va en faire. Aussi frustrant qu'excitant.

Une fois la mise en page rapidement déterminée, quelques roughs de ma part pour donner le ton général, on en cause sur Skype, on regarde la doc (on a la même, en double) et je lance le canevas de la page définitive en répartissant textes et bulles, sur un fichier 30/40 en 600 dpi.

J’envoie le fichier ainsi monté à Chrys qui réalise les crayonnés, case par case, des dessins au crayon séparés détaillés avant de m'envoyer le tout pour que je finalise notre page ainsi fixée. Avec toute latitude pour améliorer ce qui peut l'être... Décider de refaire une case, ou de la passer à fond perdu, par exemple. Agrandir certains personnages, les rapprocher, éventuellement.

Tailler dans le vif. En dessous un montage posé par Chrys avant que je ne prenne le relais. J’étais très dubitatif sur la première case, et ennuyé, vu le temps passé à l'installer. On en a causé avant de conclure qu'il fallait la repenser pour être plus efficaces dans la narration...

Placer les textes précisément cette fois, recadrer, tailler agrandir ou diminuer des choses, bref utiliser au mieux la formidable matière qu'il me prépare. Ensuite, encrage de chaque dessin, qui seront scannés, posés à leur place, nettoyés, bullés et lettrés comme il convient.

Une fois le noir et blanc terminé, la page repart vers Chrys qui sait bien mieux que moi poser les teintes. J'ai l’œil pour le final cut qu'on décide ensemble à la fin, en écran partagé... C'est toujours plus facile de découvrir et de voir ce qui ne va pas que si on passe des heures dessus, le nez dans le guidon... Du coup je le laisse faire, en regardant sur mon écran en direct les corrections suggérées. Quand nous sommes l'un et l'autre satisfaits du rendu, c'est terminé.

L'idée de ce travail en duo n'est pas de chercher à prouver qu'un de nous deux serait plus fort que l'autre, mais au contraire de réunir nos compétences mutuelles et surtout de les utiliser au mieux pour rendre le meilleur boulot possible à nos éditeurs. Et dans des délais bien plus rapides aussi, ce qui est un facteur important pour eux autant que pour nous...

Je crois que je serais plus efficace pour le cadrage et le story board de la planche, qu'il serait meilleur que moi sur le crayonné et surtout plus rapide. Mais peu importe. Une saine émulation entre nous existe depuis le début. On a même parlé d'inverser, moi au crayon et lui à l'encrage, parce que les rôles étant établis, il n'a plus trop l'occasion d'encrer les dessins, se "contentant" (sic) du crayon.

C'est vrai aussi que du coup, on n'a pas à faire deux fois les mêmes choses.

Car d'ordinaire quand je fais une planche, le dessin au crayon est "refait" à l'encre donnant l'impression de faire deux fois le même travail. Là au moins, chacun faisant une des parties, pas de "redites"...

6 commentaires:

  1. Le fait que votre co-dessinateur utilise désormais une Wacom cintiq 24HD a-t-il modififié la répartition du travail de chacun? Par exemple, vous revient-il toujours d'encrer? Je pose cette question car, dans votre post du 1er décembre, je crois comprendre que la tablette graphique permet de s'affranchir de l'étape si fastidieuse de l'encrage.

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  2. Oui, vous avez raison, dans l'absolu, on peut très bien s'en affranchir ou gérer autrement.

    En réalité, la "finition", c'est moi en règle générale, qui l'assure, ce qu'on pourrait appeler le final cut. Mais Chrys et mi sommes aussi autonomes chacun de notre côté. On a trouvé un système de travail qui fonctionne: ainsi sur le montage, la mise en page, le lettrage et les bulles, je me charge de l'ensemble. Lui fait le dessin crayon précis et ensuite s'occupe de la couleur pour laquelle il est meilleur que moi. En fait chacun apporte ce qu'il fait de mieux, du coup....

    Du coup pas mal d'auteurs ne passent plus par une étape encre.

    Par contre dans notre cas, on fait un travail de studio et il n'est pas toujours simple de distinguer qui fait quoi. D'ailleurs lui et moi revendiquons autant les pages finies comme mienne et sienne, à l'arrivée.

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  3. L'arrivée de la cintiq dans l'équipement de votre co-dessinateur n'a donc rien changé, car ce mode de répartition vous convient, je comprends fort bien. Mais dans la situation actuelle, pour passer cette phase difficile que vous traversez, Chrys peut-il travailler sans que vous n'ayez besoin d'encrer, grâce à sa tablette, ou bien continuez-vous malgré tout l'encrage tant birn que mal? Ou encore, avez-vous été purement et simplement contraint d'interrompre votre activité de dessinateur jusqu'à ce que vous ayez récupéré après l'intervention dont vous allez bénéficier?

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  4. Euh, "bénéficier"... je ne sais pas si le mot est celui que j'aurais choisi, mais bon...

    En fait c'est un outil pro qui devient indispensable. Si Chrys ou moi travaillons seuls, ce que nous pouvons faire, évidemment, le résultat n'aura rien à voir, ni pour lui ni pour moi. Le travail d équipe nécessite désormais que nous ayons le même matériel, mais il a dégainé le premier.

    En réalité on peut l'un comme l'autre assurer en solo mais la conjonction de nos deux énergie donne un truc vraiment pas mal et passionnant à réaliser.

    Pour le moment on est dans cette phase. je précise aussi que c'est moi qui amène les contrat à l'équipe, depuis le début. J'ai plus de possibilités et sus davantage dans le rentre dedans chez les éditeurs, un rôle qu'il n’apprécie pas pour sa part.

    En réalité, j'ai un encrage assez différent du sien, et je "corrige" aussi en live que ses crayonnés que je monte, en jouant sur les volumes, les personnages etc. C'est un boulot passionnant d’ailleurs et la matière qu'il me donne pour ça est parfaite, au point qu'une fois terminé, impossible de savoir qui a fait quoi pour le profane.

    Hergé ? Ils étaient 12 pour faire Tintin...

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  5. Ben si, BÉNÉFICIER (vous auriez choisi "subir", je parie). C'est pour votre bien, pour obtenir un bénéfice, que je sache. Sinon, inutile de prendre des risques. C'est toujours un rapport bénéfice-risque qui est mis dans la balance décisionnelle...

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  6. J'entends bien, mon ex femme m'aurait dit la même chose, je crois que c'est une déformation professionnelle... Rire. Vous avez raison, bien sûr. Mais la part de risque,que ca ne marche pas est là aussi, tout comme le risque opératoire quand on est sous AG. Minime, certes, mais je peux aussi me transformer en fait divers, hein...

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