06 mai 2018

L'auteur BD et ses “attentes“ ?

Avant de renoter les endroits où je passe en festival, ce que demandent auteurs et organisateurs, les uns pour savoir où ils mettent les pieds, les autres pour savoir s'ils peuvent s'améliorer, petit rappel de ce que je pointe... En détail !

Déplacement : Important de savoir comment ça fonctionne. La plupart du temps les auteurs viennent par transport en commun et donc reçoivent des billets de train ou d’avion, avec un parcours sec de gare à gare, sans toujours que soit pris en compte le déplacement depuis chez eux jusqu’à la gare (où l’aéroport).

Or, vous allez rire, les gars, mais on ne vit pas dans une gare, à priori et ça doit être pris en compte, comme le doit l’être le parking de votre voiture qui vous attend à Orly ou dans la gare de votre bled durant le temps du déplacement.

Attention, faut être sérieux et ne pas jouer les étonnés non plus. C’est toujours en amont qu’il faut évoquer ça avec l'organisation, au moment de l’invitation, pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

Idem pour le prix du déplacement quand on vient, comme c’est mon cas, par ses propres moyens avec sa voiture. S’entendre avant sur le prix au km, le remboursement des péages etc. Il y a des barèmes impôts, qui sont au delà de 0,50 € du kilomètre mais la plupart des salons auraient tendance, si on ne négocie pas, à vous proposer du 0,15 € (rarement mais ça existe) à 0,30 € maxi (la plupart du temps).

Mais au prix de l’essence, il faut bien faire ses calculs. Il s’agit de frais d’amortissement du véhicule, professionnellement s’entend puisqu’on va chez eux pour travailler et pas en weekend donc on n’accepte pas de calculs Mappy fait par l’organisateur au prix coûtant comme si c’était pour un voyage de particulier... Ils essayent.

Bien entendu on peut aussi et ça m'arrive, accepter un forfait en coupant la poire en deux, du moment qu'il y a un geste, mais c'est exceptionnel si on ne veut pas en être de sa poche, ce qui n'a aucun sens, comme je le souligne plus tard en parlant des ventes...

Accueil : La manière dont on est reçus dans un salon du livre ou de BD (c'est assez différent) compte pour beaucoup dans la réussite du déplacement. Selon la convivialité et la bonne disposition et disponibilité des organisateurs, qui il faut bien le dire la plupart du temps se mettent en quatre pour leurs invités…

En fait comme on le fait quand on reçoit des amis, pour les mettre dans les meilleures conditions possible. Ça passe par une ambiance générale, de l'affect, de la présence et de l’attention. Et ça commence dès l’arrivée à la gare, où il peut arriver que personne ne vous attende, j’ai connu ça…

Hébergement : L’hôtel en festival, en 30 ans, franchement j’ai tout connu. Du château hôtel cinq étoiles au bord du Lac Léman, au boui-boui infâme, en passant par le Campanile plus ou moins rénové et le relais routier. En règle générale, même si c’est un endroit où à priori on ne passe pas trop de temps, on préfère quand même un standard minimum.

Que le parking de l'hôtel soit pris en charge aussi. Parfois 10 € la nuit. J'ai souvenir d'un machin de luxe d'une chaine ricaine à Bruxelles qui a exigé 45 € pour les trois jours où j'étais garé au sous-sol... Ou les tarifs du Mercure pour le même service à Angoulême, jadis.

S’il y a une piscine, ma foi, c’est aussi un plus appréciable. Qu’il soit près du site du festival (ou carrément au pied du salon, comme à la Seyne) a également son importance, pour éviter les problèmes récurrents de navettes entre hôtel et salon…

Repas : ça fait partie de la qualité d’une réception, des repas dont on se souviendra, en bien, je veux dire… Il y a des souvenirs mémorables et d’autres… comment dire ? Moins réussis. Il y a de tout. J'ai des souvenirs magnifiques de dîners mais aussi des instants foireux dans des cantines d'école maternelle, avec trois rondelles de saucisson et un cornichon qui se battent dans l'assiette, du pain et une pomme... bref, c’est un moment de convivialité essentiel, du vendredi au dimanche soir.

Lieu dédicace : Que ce soit dans une salle dédiée, un gymnase ou en plein air, là aussi plusieurs cas de figure. Pour nous Auteurs, le plus important quand on y pense demeure l’éclairage, essentiel pour ne pas se tuer les yeux en dessinant et le confort d’un siège sur lequel on va passer quelques heures… Attention à la sono; qui peut être très soulante et envahissante, sans oublier l'animateur qui beugle toute la journée que vous êtes en dédicace...

Il y a aussi des endroits insolites appréciés pour leur diversité comme une plage, un château, un circuit auto, une base aérienne... Et d'autres endroits surprenants.

Libraire : C’est lui (ou elle...) qui est partenaire du salon et apportera les albums. En dehors de ceux que vous auriez apporté, qui ne sont plus disponibles, par exemple, pour evidemment ne pas concurrencer... Entente au préalable.

Le mieux est de faire une liste de ce qu’on veut et de l'envoyer un mois avant, pour éviter les impairs d’un libraire qui prendrait des titres anciens en quantité et n’aurait pas la série ou pire, la nouveauté qui vous tient à coeur. J’ai eu plusieurs fois aussi des incompétents pas foutus d’avoir plus de cinq (5) albums de bibi pour toute la durée du salon, plus rien le vendredi soir, déjà, et assez grossiers au point de me dire avec aplomb, plutôt que de s’excuser et de tout faire pour en trouver, que je n’avais qu’à aller me balader pour découvrir la région“ si j'étais pas jouasse, comme si j’avais que ça à foutre. Bon, des endroits où je ne retournerai jamais comme Perros, Saint-Malo, Blois ou Bayonne par exemple ! La vie est bien faite, ils ne m'invitent plus non plus.

Ventes : En fait, il y a deux choses un peu différentes. Faut juste s'y retrouver:

La première, c’est que comme on est tous payés en avances sur droits, il devient illusoire de toucher sur les albums qu’on vend en salon, que ce soit un ou mille vendus ne change rien à la blague. Mais le lecteur qui vient de claquer son blé sur un album n’en sait rien, et pense même souvent qu’en fait on touche 50% du prix qu’il vient de lâcher, plus ou moins huit euros pour nous, donc ! Ce serait pas mal mais c'est pas le cas. Donc ambiguité. Pour info, demeure la possibilité pour un auteur de refuser un gars désagréable ou carrément fâcheux aussi... (Si, si, il y en a)

En fait, c'est le libraire qui gagne des sous, si je signe beaucoup dans un salon... Et pas moi.

La seconde, c’est que même si on ne gagne rien à la vente, et que ça demeure un acte gratuit pour lequel on vient bénévolement passer notre fin de semaine, ça nous permet aussi des rencontres parfois essentielles (et je pèse mes mots...)

Entre auteurs, d'abord, je regarde toujours la liste des invités, mais aussi avec le public. Rencontres qui justifient le déplacement.

Après tout, venir en salon c'est un acte volontaire et nul ne nous force à venir non plus. Aucun éditeur sérieux en tout cas, qui préfèrent de loin que vous soyez en train de bosser sur vos planches et n'aiment pas trop que les auteurs se fassent des confidences entre eux, sur le prix de pages par exemple, ou les petits caractères d'un contrat quelquefois étrange...

Mais j'ai connu de petites structures qui étaient très désagréables avec leurs auteurs en les faisant trimer du soir au matin comme des esclaves sans quitter la table, leur balançant un sandwich pour déjeuner comme solde de tout compte... Y'a une justice, ils ont tous plus ou moins coulé.

Ah, inutile “d’exiger“ de l'auteur une œuvre d’art en couleurs, ou de pointer du doigt sans rien dire (les Hollandais font très bien ça...) une case qu’on a parfois mis des heures à dessiner, comme s’il fallait prouver au gars en face que c’est bien de nous… Un simple dessin réalisé avec plaisir au cours d’une discussion entre les deux demeure la vraie raison d’être du truc. Permettant échanges entre lecteur et auteur… C'est rien d'autre, au fond.

Affluence public : même si c’est évident que ça compte et que ça fait plaisir de voir les gens en masse venir vous demander des dédicaces, il arrive aussi que pendant de longs moments personne ne vienne et là on ressent une sorte de solitude doublée d’un “mais bordel, qu’est ce que je fous là, au lieu d'être tranquillement chez moi ?“ qu'il m'est arrivé de ressentir parfois...

Donc forcément, avec l'affluence de la foule, ce sera épuisant, mais plus agréable d’avoir eu le sentiment de venir pour quelque chose…

Ambiance : Entre organisateur, auteur, public, une sorte de mayonnaise qui prend et fait qu’on aura le souvenir d’un bon moment. Ou pas. C'est aussi un peu lié à ce que je dis plus haut.

Extras : Visite de musée, plongée sous-marine, balade en montgolfière ou karting et baptême de circuit, les idées ne manquent pas. C’est un plus apprécié… Avoir prévu une animation pour le compagnon ou la compagne de l’auteur est également très apprécié.

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