Jeudi... Pas d’animations à faire, mais néanmoins il me faut assurer le jeudi. Dès le matin on file préparer la salle destinée à accueillir les lauréats du concours de la BD scolaire. C’est moi qui officie sur scène et présenterai les jeunes au cours de la remise des prix.
La remise des prix s’effectue sans encombre, les mômes sont ravis et ont tous un petit mot une fois sur scène, même les plus timides.
C’est un joli moment d’émotion:
pas toujours facile de monter chercher un prix devant des gens qui vous applaudissent, même dans une ambiance plutôt bon enfant, mais quand même solennelle pour ces jeunes qui ont entre 9 et 18 ans…
J’en sais quelque chose, moi si stupide lors d’une remise de prix pour le troisième tome de Sophaletta, en Suisse, du côté de Fribourg… J’avais alors traversé la salle un peu dans le brouillard sous les applaudissements de 500 personnes (dont ma Karin explosée de rire de me voir si niais et un peu fière aussi quand même) avant de bredouiller un vague « merci » bien piteux. Le nain d’or… Bref…
Parmi les 40 jeunes gens "écureuils d’or" qui sont là, regroupés avec parents et accompagnateurs, les quatre meilleurs vont être encore récompensés le soir au théâtre, lors de la remise officielle, prix du meilleur scénario, du meilleur graphisme, de l’humour et pour finir, le premier prix qui récompensera le grand vainqueur de ce Concours de la BD scolaire, organisé par la Caisse d’Épargne…
Lucrèce ne sait pas encore que c’est elle qui va gagner le Grand Prix 2007 pour son joli travail très prometteur et remarqué par le jury… Une fille drôlement douée que l’on reverra forcément. Je suis ravi et je l’observe évoluer dans le groupe, pour l'instant elle ignore qu’elle va être submergée par l’émotion en fin de journée.
On file déjeuner au réfectoire d’un lycée, (ce qui me fait irrésistiblement repenser à l’émission de Cyril Lignac sur M6 consacrée aux cantines scolaires…) avant de les laisser filer avec les guides sur les différentes expos du Festival. Inquiétudes, les trottoirs glissants et verglacés ont occasionnés pas mal de chutes et d’interventions des pompiers en ville. Mais tout se passera bien.
Le soir c’est justement Lucky, sémillant animateur de M6 Kid qui présente la fête avec un entrain un peu surjoué mais sympathique quand on se rappelle le ton de cérémonie funèbre employé par le riant Thévenet lors des éditions précédentes. Fête divisée en deux d’ailleurs puisque la seconde partie regroupant les pros (et animée par le président Trondheim) aura lieu le samedi.
Du coup il y a moins de monde dans la salle. Et le prix (plus "d’alphart" mais des "essentiels", au passage, un changement de nom qui change tout, hein…) ne sera pas remis comme d’habitude devant les auteurs que ces jeunes aiment. C’est un peu dévalorisant et ça nous agace, nous.
Mais ainsi les jeunes sont les rois de la soirée, soirée forcément aussi bien moins longue du coup… Je suis avec les quatre, Louis, Luca, Juliette et Lucrèce qui ont été isolés en bas près de la scène, savent maintenant que ce sont eux qui vont être désignés et qu’ils vont y monter sous les projecteurs et les applaudissements. L’émotion de la petite Lucrèce appelée en dernier me fait plaisir…
La joie communicative de cette gamine hyper douée et son enthousiasme délirant me replongent vers mes 17 ans, à l’époque de Penninghen et de l’atelier de la rue du Dragon avec les copains, bien avant de devenir un "pro"…
Candeur, naïveté et fraîcheur, depuis Jean Bastide, je n’ai pas ressenti autant de plaisir de voir un de nos lauréats l’emporter.
Je me retrouve, avec l’amour du métier et du beau graphisme dans leur approche du dessin pur, tellement à l’opposé des trucs mal dessinées dont on nous abreuve depuis quelques années dans l’édition et la mainmise méprisante des ultras de l’Association, ces BD dessinées avec le manche du pinceau encensées par Télérama et autres hauts lieux d’une critique dévote et béate se voulant intellectuelle et élitiste.
Aussi logique qu’à Cannes quand on récompense un film iranien sous-titré en moldo-valaque montrant pendant une heure de plan fixe un homme assis et immobile ou une pomme posée dans une assiette ébréchée. Mais c’est de l’Art, alors…
Le palmarès à venir le samedi le confirmera d’ailleurs quelques heures plus tard. C’est comme ça. Mieux vaut en rire sans doute. Et attendre le jugement du public.
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Juste avant le diner, ma copine Sophie Fougère avec qui j'ai réalisé plusieurs "Aigles décapitées" m'appelle. Elle qui vit à Angoulême, à cent mètres de mon hôtel est à la montagne avec mari et enfants et on est bien triste de ne pas se croiser quelques heures comme chaque année...
Partie remise. J'ai le temps de lui dire que son travail de chasseuse de tête dans la région l'a rendue incontournable, tout le monde la connaît en ville et il n'est pas une hôtesse ou un figurant travaillant sur le Festival qui ne l'ait déjà croisée pour un casting... Drôlement célèbre, ma co-auteure.
Dîner avec les lauréats le soir, nous sommes quelques dessinateurs à raison d'un par table au milieu des parents et des candidats. On parle boutique et expériences diverses, petit discours de bienvenue où j’encourage les mômes qui n’ont pas gagné à poursuivre et à y croire.
Les couloirs du Mercure sont enfumés, la faune arrive…
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