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"Quatre étoiles", oui, car on ne peut que s'incliner devant la qualité du travail fourni par les gens de Viltaïs qui organisent ce festival très réussi à Moulins, dans l'Allier.
Si des gens veulent à leur tour lancer un Festival chez eux, qu'ils viennent donc voir et se renseigner auprès de Yannick et de ses ouailles pour en prendre de la graine, avant de faire quoi que ce soit. Ce ne sera pas en vain.
Car à l'instar de Nîmes (où je serai d'ici un mois et demi) et de quelques rares autres où les organisateurs mettent les petits plats dans les grands et méritent un sans faute, FestiBD obtient ses 4 étoiles haut la main sans l'ombre d'une hésitation. Et d'ailleurs à partir de maintenant je mettrai des étoiles façon guide, à chaque nouvelle sortie professionnelle...
Ce festival offrait pour moi deux spécificités: d'abord mon ami Jean-Charles Kraehn en était le Président (!), et d'autre part il m'avait été proposé de passer plusieurs heures en prison pour causer BD avec les détenus de la maison d'arrêt et aussi ceux de la centrale de Moulins, un endroit dont on nous parle de temps à autre et pas plus tard qu'il y a un mois encore, avec cette évasion spectaculaire...
Le vendredi matin après trois heures de route, j'arrive sur le parking où j'ai rendez-vous avec Isabelle la responsable du SPIP qui doit m'escorter au cœur de cet univers pénitentiaire si nouveau pour moi.
J'avoue, je ne suis jamais allé en prison et tout ça est plutôt impressionnant.
Les hauts murs d'enceinte vous sautent aux yeux dès l'arrivée, avec un sentiment oppressant qui m'envahit et contre lequel je lutte. Après tout, moi, je ressors ensuite...
Mais ce n'est pas un déplacement comme un autre. Rien dans cette démarche n'est anodin, c'est sûr. Un mois plus tôt, dans un lycée de Strasbourg, j'avais bien un peu d'appréhension avant de parler de mon job devant les élèves, mais rien à voir avec ce qui m'attend...
Un petit bâtiment d'accueil, salle d'attente pour les familles, est posé sur le parking. Il y a même un espace jeux pour les enfants avec balancelles, boules de plastique et toboggans colorés comme chez McDo ou Ikéa, mais ça résonne très différemment ici...
De part et d'autre de cet accueil, à gauche, la centrale, à droite la maison d'arrêt...
Dix minutes avant la session, Isabelle vient me chercher et m'emmène dans la maison d'arrêt. Un portique et une table roulante pour déposer ses affaires exactement comme dans les aéroports. je sonne un peu, dépose clés, montre et menue monnaie et me voilà dans la prison. Des grilles, des escaliers, des grilles, des sas, des gardiens. On se rend dans la bibliothèque, chichement fournie, mais permettant de "s'évader" un temps.
Nous n'avons que deux détenus pour assister à ma petite présentation. Nous devions être trois, mais un des garçons s'énerve parce qu'on lui demande de ne pas fumer, il se braque aussitôt et veut sortir immédiatement. Très nerveux, il frappe fort à la porte pour que les gardiens reviennent, s'emporte, crie et engueule vertement Isabelle qui ne moufte pas et le laisse parler... Moment de tension, qui dure quelques longues minutes...
J'essaye de le convaincre de rester, mais il est énervé et je n'insiste pas. Je sais que ce n'est pas de notre faute, qu'il était probablement à cran pour autre chose et qu'il craque d'un coup. C'est son choix, juste dommage. Pour lui.
Ensuite j'improvise avec Thierry et Abdel, les deux qui restent, on finit par parler de tout à bâtons rompus, probablement une bulle d'oxygène pour les deux gaillards qui sont venus et sortent bientôt après quelques mois de détention...
Un bon moment chaleureux et très libre de ton. Venir m'écouter était une démarche volontaire de leur part, ils ont été avertis un peu à l'avance, on aurait pu être plus, mais ça se passe très bien...
On ressort avec Stéphanie, la bénévole de FestiBD qui m'accompagne pour déjeuner avec l'équipe, je retrouve quelques amis dessinateurs dont Tatiana Domas mais aussi Yannick, Juliette et une partie de l'équipe des bénévoles.
Retour à la prison. Centrale.
Cette fois on ne rigole plus.
(à suivre)
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