17 juin 2011

Signer, quelle solution ?

Vaste débat autour des signatures.

Je pourrais reprendre mot à mot ce que dit Jacques Terpant au sujet des dédicaces dans sa lettre ouverte parue sur ActuaBD. Les signatures d'auteurs sont devenues une sorte d'obligation convenue qui répond à la demande croissante d'un public qui considère de plus en plus que c'est un dû à partir du moment où il achète (cher) un livre, sans se douter que de plus en plus d'auteurs ne touchent rien sur les ventes, puisqu'ils sont payés en avance sur droits. Une sorte de légitimité.

Jacques a absolument raison, et d'ailleurs c'est un constat que je fais depuis plusieurs années sans rencontrer d'écho. Sauf que les choses commencent à changer et que de plus en plus d'auteurs se rendent compte du problème... En tout cas, au vu des réponses, il a lancé le débat. Je précise que ça ne m'empêche pas d'aller en festival, mais je sélectionne de plus en plus les endroits où je souhaite aller et je m'y rends alors sans arrière-pensées, à partir du moment où j'ai accepté une invitation.

Reste que Terpant soulève un problème qui rejoint la baisse des ventes, des rétributions et le fonctionnement même d'un métier qui évolue vers le bas en permanence, pour 90% des auteurs.

Extrait:

" (...) Le visiteur lambda et l’amateur peuvent penser qu’il s’agit là d’une opération de promotion… En fait, il n’en est rien ! La dédicace dessinée prend suffisamment de temps pour que, contrairement à un écrivain, le niveau de vente dans un salon soit sans intérêt, même pour les plus habiles d’entre nous. Si on considère également que la plupart des auteurs sont payés en avance sur droits, l’intérêt financier n’existe même plus.

Venir gratuitement en salon: une façon de se faire connaître ?

Au sens publicitaire, il suffit d’y réfléchir sérieusement: même si la présence d’un auteur peut l’aider à découvrir de nouveaux lecteurs, ceci reste infime. Même s’il part de chez lui tous les weekends, et qu’une vingtaine de personnes le découvrent à chaque fois, sur une année complète passée en salon, cela donne un chiffre ridiculement bas sur le tirage d’un album.

En faisant donc le bilan du temps passé, du travail, du voyage, de la fatigue, du volume d’activités autour de ce "geste gratuit", ce phénomène a atteint aujourd’hui ses limites. Je crois que l’on ne peut plus décemment nous demander de venir travailler, sans la moindre contrepartie financière.

En, effet, tout le monde trouve plus ou moins son compte dans ce système, sauf les auteurs. L’éditeur n’a rien contre: il vend ses livres s’il y a libraire, il fait aussi son métier (je ne dis pas que c’est le jackpot à chaque fois, mais il fait son travail). Les auteurs dans ce système sont bénévoles, comme les organisateurs qui sont des passionnés. Mais si on comprend très bien ces amateurs qui réalisent leur événement de l’année, il n’en est pas de même pour l’auteur, pour qui c’est devenu la routine de son métier.

En nous prêtant au jeu depuis des années, nous avons donc créé un besoin, une envie chez beaucoup de collectionneurs et de lecteurs, dont nous nous devons aujourd’hui d’y répondre ! Mais cela ne peut plus se faire dans les conditions actuelles... (...)"
La suite ici.

3 commentaires:

  1. Bonjour Erik;

    pour alimenter le débat, voici un article paru sur mon blog il y a quelques mois qui situe le problème

    http://bd75011.blogspot.com/2010/12/humeur-le-scandale-des-dedicaces-bd-aux.html

    les réflexions continuent. A Strasbourg une exposition était consacrée à ce sujet et présentée notamment aux plus jeunes pour les sensibiliser à la vraie valeur d'une dédicace, un don dans le cadre d'un échange personnel.

    amitiés, Manuel

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  2. Eh oui... Je ne chasse pas la dédicace (3 ou 4 albums dédicacés en tout et pour tout dans ma bibliothèque), et pourtant, je suis allée hier à Forbidden zone (Bruxelles) où un de mes amis dédicaçait ses 3 album collectifs. Sans surprise, pour la majorité, les acheteur présents ne connaissaient pas les livres en question. Il achetaient de confiance, uniquement parce qu'ils auraient un petit mickey en plus!...
    Certains dessinateurs expriment également un certain ras-le-bol de dédicacer des livres qu'ils retrouvent une demi-heure plus tard en vente (plus cher!) sur e-bay.
    Chez Forbidden zone, le responsable demande aux auteurs de rajouter la mention FZ dans le dessin. Cela permet ainsi de repérer les personnes qui cherchent un gain financier dans cette course à l'autographe et de réaliser un certain filtre.
    Entre rencontre, échange et mercantilisme, j'imagine que ce n'est pas facile...

    Amicalement, Latis

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  3. Ma foi, ebay, à mon niveau, ça monte pas bien haut, mais pour certains copains plus "connus", c'est un souci, et une façon de dévoyer le petit dessin.

    Il faudrait surtout revenir à des petits dessins plus simples, et pas à ces véritables illustrations, parfois... Un crobard au crayon symbolique, pour rappeler que le plus important dans la démarche c'est la rencontre avec l'auteur et pas le gribouillis sur le livre... Mais on a dévoyé le principe et désormais pas mal de gens se fichent bien de savoir à qui ils parlent, pensant surtout au dessin qui pourrait donner de la "valeur" au livre. Moi, l'essentiel c'est qu'ils achètent; Une fois la dédicace faite, je me contrefiche de ce qu'ils font du bouquin, je ne suis pas un auteur à plus-value.

    Je ne connais pas les gens de FZ, qui ne sont pas mes amis, et je date de toute façon mes dessins, avec indication de la ville où je suis, c'est bien suffisant. On ne va pas faire comme pour les plaques d'immatriculation des autos qui indiquent le concessionnaire en petit non plus...

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