25 novembre 2011

Page expliquée en détails.

En premier lieu, le scénario écrit par Jean-Louis Fonteneau.

Un texte à analyser pour répartir les cases. Comprendre l'intentionnel du scénariste, transposer ce qu'il veut, parfois adapter parce qu'entre l'écriture et le dessin il y a des impossibilités, comme plusieurs actions à esprimer dans un même dessin, facile à écrire, moins à imaginer. Je rajoute des cases de temps en temps pour la compréhension du lecteur. Bref, je m'approprie l'histoire.

Ce découpage est en fait la mise en scène de la planche...


Je commence donc par faire un "rough" (prononcer "reuf") rapide de mise en page, en quelques minutes, pour savoir quelle importance donner à chaque image. Là évidemment il faut trancher, parce que chaque scène peut être interprétée de mille façons, forcément.

Ensuite, j'envoie cette page esquissée à Chrys, par mail, ou même le plus souvent en capture écran par Skype qui reste branché tout le temps pour qu'on en cause ensuite à bâtons rompus. Je lui explique ce que je voudrais puisque c'est lui qui va faire les images au crayon, une fois que je lui aurai envoyé en plus le montage des cases et des textes à la taille définitive dans un fichier psd en 600 dpi.

Il me fait confiance, c'est mon rôle de structurer cet aspect de la page dans lequel il est moins à l'aise que moi. Du coup, depuis des années et Witness 4 en 99, il me laisse faire la mise en page de tous les albums sur lesquels on travaille ensemble, celui-là étant le cinquième...


Au crayon, angoisse à chaque fois qu'il m'envoie une planche. La première version est rarement la bonne...

Avant ma mise au net, Chrys réalise un prémontage, mais aussi chaque dessin en fichier séparé, de façon à ce que je recadre à mon gré et remplace sur la matrice de la page définitive, agrandissant des parties de dessin ou augmentant les premiers plans. Les bulles se déplacent au gré de l'image, rien n'est fixé encore à ce stade. Plusieurs dessins sont éliminés, quand les cases me semblent moins efficaces.

Chrys rebosse alors sur d'autres images, et la seconde version est toujours meilleure, il arrive qu'on ne se soit pas compris, malgré le temps passé à se causer. Aucun ego, juste envie de bien faire.


Ensuite, l'encrage. Et le montage définitif. Je n'aimais pas sa case 2, et sur la 5 il y avait une erreur de personnage. L'homme (Ange) supposé ^partir case 3 avait été mis par erreur par Chrys, inattention au moment de poser l'image et a donc été remplacé par Awa initialement prévue. Deux blacks, même structure de visage, dessin revu...

Je voulais aussi qu'on modifie l'avant-dernière image, pour que Burger soit plus visible d'entrée... Du coup on a changé pour ne pas donner plus d'importance à la voiture qu'aux personnages...


Ma mise à l'encre, sur calque, chaque dessin replacé, nettoyé, et la page une fois bouclée est écrasée, les textes à part pour plus de facilité s'il y a des traductions, c'est terminé pour moi. Reste évidemment la couleur. C'est Chrys qui s'en charge, et ensuite on corrige ensemble, en direct, avec les écrans partagés.

Un travail qui au final aura pris environ trois jours pleins pour la totalité de la planche.

6 commentaires:

  1. Beau travail à plusieurs mains, mais ... pourquoi 600 dpi et psd ??? Je m'explique, ayant eu à prouver devant un tribunal que ma propre série existait et était publiée dans 5 magazines 3 ou 4 ans avant que mon éditeur actuel s'en dise inventeur, créateur et propriétaire et tente de m'en éjecter! ça c'est pour expliquer le contexte de ce comparatif interessant :
    j'ai donc scanné les divers magazines à 1200 dpi et comparé des cases précises avec celles de l'album édité 4 ans après, scanné à 1200 dpi aussi. On voit bien sur très nettement les trames, différentes et que ce ne sont pas les mêmes imprimeurs, en comparant des cases précises, mais de mémoire j'envoyais aux magazines que du jpeg à 300 dpi, et rvb, et qualité 8 ou 9 faute de temps. Comparant avec l'album sorti 4 ans après, sur toutes les cases aucune différence à fort grossissement n'est "visible" entre ces jpeg pour les mags et les psd haute def non compressés envoyés pour imprimer l'album.
    C'était quebecor souvent pour les mags et lessafre en belgique pour l'album !
    Donc avec du recul, je dirai pourquoi monter si haut en résolution, 300 suffit amplement, et un simple jpeg qualité 9 va aussi très bien plutôt qu'un psd.
    D'autres collègues montent à 1200 dpi, là aussi, ça me dépasse, donc s'il y a une raison technique, je suis bien sur preneur, merci d'avance, mais sur une 50-aine de cases comparées, j'ai jamais vu de différence suffisante. Voilà ce qui est ressorti de cette démarche judiciaire et qui, ma foi, m'a fort étonné !

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  2. Oui sans doute tout ce que vous dites est vrai, mais c'est juste un format de travail qui nous convient puisque la page couleur est ensuite réalisée en 300 dpi. Le texte restant en 1200, c'est une convention des éditeurs. Mais c'est vrai que 300 est amplement suffisant.

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  3. Super sympa de voir de quoi ça part, et où on arrive sur la page finie.
    Le dessin et super et les couleurs, n'en parlons pas !
    Super bon boulot.

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  4. Si si, parlons-en au contraire. Merci de vos appréciations, on essaye de faire au mieux et je trouve que c'est bien d'expliquer le travail par le menu.

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  5. Merci de partager tout ça ; passionnant pour l'amateur que je suis. Sacré boulot !

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  6. Je me suis remis dans la lecture de BD depuis peu et je suis toujours épaté de voir les dessinateurs travailler.
    J'étais encore sur un salon hier et je prends un réel plaisir à voir les dessinateurs faire des dédicaces en quelques minutes...de vrais artistes.

    Sinon cela est toujours intéressant de voir comment une planche démarre (ici juste une explication écrite) et comment cela est traduit par le dessin et se finit par la couleur (les couleurs relatent vraiment bien l'ambiance).
    Chapeau bas!

    PS: suis impatient d'avoir de nouveau ces explications sur SL ;-)

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