Pas la peine de me poser la question.
Non, bien qu'on m'ait invité parce qu'un album sort pour le première fois de ma carrière à l'occasion du festival, je n'irai pas à Angoulême dans quelques jours.
Je n'irai plus du tout, d'ailleurs.
J'ai tant aimé les années "Caisse d'Épargne" entre 2000 et 2009, quand j'étais consultant BD pour eux, que je ne veux plus jamais me retrouver dans la posture habituelle de l'auteur corvéable à merci, trainé en navette pour dédicacer à la chaine des bouquins sur lesquels on ne touche pas un rond, puisqu'on est tous payés quasiment en avance sur droits désormais et qu'en dédicacer un ou mille ne change rien au destin des livres.
Difficile de faire comprendre ça aux milliers de gens qui eux payent plein pot l'entrée et surtout nos albums, pensant qu'une part importante des 10, 15 ou 20 euros dépensés nous revient.. (si on en touche, une fois l'avance remboursée, c'est entre 8 et 12% du prix de vente HT pour l'auteur, qui est parfois bicéphale. Et donc divise par deux. Ou trois si le coloriste est de la fête. Quelques centimes d'euros.)
Mais il faut leur dire que ce festival n'a pas d'attrait pour 95% des auteurs qui sont pourtant flattés quand on les invite, parce qu'on leur propose ça comme si c'était un cadeau, une reconnaissance illusoire.
Comme d’habitude, les centaines d'auteurs sans qui ce festival ne serait rien, (pour qui viennent les visiteurs ?) ne touchent pas un rond alors que le prix des entrées est prohibitif, ne sont pas rémunérés pour leur prestation mais doivent dire merci d'être logés dans des hôtels dortoirs, et de bouffer dans les réfectoires bruyants du Mercure... Une semaine pour s'en remettre.
Bien sûr, je regrette un peu de ne plus en profiter pour croiser quelques potes du métier. Mais je les retrouverai ailleurs dans d'autres festivals. Il y en a 15 par semaine, en France tout au long de l'année. Et je préfèrerai toujours aller à la Seyne sur Mer ou à Nîmes en juin qu'aller en Charente fin janvier.
PS(16/01/12) Le Buzz que je n'ai pas cherché..
Plutôt que de m’interviewer pour l'ensemble de mon œuvre...(rire) Didier Pasamonik reprend dans ActuaBD des passages de mon billet.
Ce n'était pas le but, je vais me faire de nouveaux amis, mais ce n'est pas bien grave de dire ce qu'on pense quand on le dit avec honnêteté. Et puis ce n'est jamais que mon avis, d'ailleurs partagé par un tas de confrères dans ce job.
PPS: 180112: Reprise d'une réponse sur le site
" (...) je n’avais pas écrit ce billet perso sur un blog qui existe depuis 6 ans pour me mettre en avant ici de cette façon, j’aurais préféré parler de mes projets, du tome 2 de Poker Face qui sort dans une semaine et je ne pensais pas que le blog était décortiqué par un site qui avait censuré il y a peu un commentaire de ma part précisément sur le même sujet, peu ou prou...
Mais puisque c’est fait, après tout, pourquoi pas ? J’assume. Je ne suis pas du tout un auteur "essentiel" et ce que je dis n’est jamais que mon opinion, en n’engageant que moi. Si c’est partagé, tant mieux...
Je précise donc quand même que je n’ai JAMAIS fait partie du jury de mes amis de la Caisse d’Épargne, mais que j’ai assuré pour eux sous leur houlette et en compagnie de quelques collègues l’animation de leur Espace (stand), avec un programme conçu pour mettre en avant notre boulot d’auteurs en public : en interviewant des acteurs divers de notre profession venus d’un peu toutes les maisons entre 2000 et 2008. C’est un très bon souvenir, passionnant à vivre et qui m’a beaucoup apporté humainement.
Mais c’est fini.
Je n’ai évoqué ce qui est repris ici en partie que pour rebondir sur l’envie (ou non) d’un auteur moyen d’aller en Charente fin janvier, un gars qui préfère juste les petits festivals à taille humaine à un Barnum dont les motivations lui échappent souvent, comme d’ailleurs la manne qui y est brassée.
On dépense beaucoup pour la BD, mais les acteurs essentiels, les auteurs, (ben oui...) viennent faire leur prestation à l’œil. Et ça fait des années que ça me choque, sans que de toute façon ça ne change quoi que soit.
J’ai le choix.
Personne ne m’a jamais contraint à y aller, Jacques Glénat m’y a accueilli dès 86 et nous traitait plutôt bien. Quand à la CNCE, c’était royal... Merci à eux.
Alors oui, j’ai juste poliment refusé une invitation en 2012 pour ces raisons-là et d’autres, d’organisation domestique d’ordre plus... privé et j’en parle à ceux de mes amis qui me font la gentillesse de suivre mes humeurs sur mon blog.
C’est pas bien important, pas de quoi lancer une polémique, un tas de jeunes gens seront ravis eux de rencontrer leur public et vivre le truc à leur aune..."
Et je n'ai rien à ajouter. fin de l'histoire en ce qui me concerne...
Très bon post, la dédicace en batterie, on a donné avec mon collègue auteur, chez un petit éditeur très pointilleux sur nos écarts, pas le droit ou presque d'aller pisser, ni de fumer une clope, ni de discuter avec les collègues du stand d'à coté, non : 9 heures d'affilée à attendre le chaland, à tapiner, et si par malheur on était pas là lorsqu'une dédicace était en demande, mauvais point ! Ca a bien failli se finir en pugilat tant on avait l'impression d'être pris pour du bétail surveillé. Faut toutefois pas généraliser, car un pote chez Delcourt, à coté, lui était très libre d'aller se reposer ou se détendre avec un café, nous, c'était A LA TABLE, A SIGNER ! Bouger Verboten :((
RépondreSupprimerPhil, ce genre de contraintes n’existe que chez les petits éditeurs, je le crains, là où le pognon est vital... Mais oui, j'ai déjà entendu ça et assisté d'ailleurs à ces séances de signatures (sur le stand à côté, à Sierre) où on sent que sans le pognon obtenu par la vente sur le stand de ses livres l'éditeur ne pourra pas payer son essence pour le retour.
RépondreSupprimerIl y avait dans le temps un mec qui s'appelait Sorg et traitait ses auteurs comme ça. Moi je me serais cassé parce que personne ne m'impose ces trucs, que je fais d'abord par plaisir, mais il est vrai que j'ai eu la chance de commencer d'entrée il y a 25 ans chez un éditeur sérieux, Glénat, qui a toujours laissé respirer les dessinateurs invités à leur convenance.
Et d'autres maisons préfèrent de loin que leurs dessinateurs bossent sur leurs albums plutôt que d'aller trainer dans les festivals...
Le problème, c'est qu"Angoulême, c'est notre Cannes à nous, et que ne pas y aller est un peu pénalisant, côté presse, parce qu'on parle BD pendant plusieurs jours, du coup, et que ce n'est pas souvent dans l'année. Mais j'ai choisi. J'en ai assez de voir tous ces gens qui gravitent autour du métier sans rien faire d'autre qu'en parler, au fond, faire du blé et gagner des sommes folles en subventions et salaires autour de la BD alors que par ailleurs dans le même temps les dessinateurs qui sont la raison d'être du festival crèvent la dalle et ont des contrats de plus en plus léonins...
RépondreSupprimerIl n'y a qu'en clamant ça de plus en plus, ce qui est la vérité, qu'on pourra faire bouger les choses. Donc bravo ! Et j'espère que pas mal d'auteurs suivront, pour que certains éditeurs cessent de nous lancer la piécette pour faire un livre... C'est déplorable. Courage !
RépondreSupprimerBonjour Erik,
RépondreSupprimerje voulais juste dire qu'il y a aussi à Angoulême des "informateurs bédé" qui viennent sur leurs fonds propres et qui réalisent grâce à ces interviews faites des mois de magazines bédé sur des petites radio, sur des sites Internet, dans des revues... certes ce ne sont pas les grands médias, mais c'est le "travail" de ceux qui parlent de la BD pour le plaisir, avec conviction et qui font connaitre votre travail en le respectant. Ils ne s'enrichissent pas sur votre dos, ils participent à faire aimer la bande dessinée...
Cette année, en plus, j'accompagne un groupe de 10 collégiens en difficulté, nous venons de Bourgogne et j'espère bien que nous allons rencontrer des auteurs présents...
Quant à vous, auteur que je respecte, je viens de lire le tome 2 de PokerFace et donc notre rencontre devant un micro, ce sera pour une autre fois...
Je comprends tes motifs, mais... Angoulême n'est-il pas un bon lieu pour promouvoir Sara Lone ?
RépondreSupprimerJe ne pensais pas en signant ce petit billet qu'il serait diffusé sur ActuaBD avec un retentissement que je ne cherche pas spécialement. Mais pourquoi pas.
RépondreSupprimerDavid, non, Angoulême ne permettrait pas de lancer SL, crois-moi.
Shelton, le livre est sorti ? On m'avait dit le 25... J'ai bien conscience qu'un festival comme celui-là est identifié comme essentiel. Je dis juste que pour moi il ne l'est pas...
Et je peux venir en Bourgogne les rencontrer, tes lycéens. je le fais dans le cadre de rencontre lycée, et même d’ailleurs prison, comme à Moulins il y a quelques années..
Je pense que ton billet sur actua et toutes les réactions reflètent de plus en plus le malaise des auteurs, face à leurs revenus en chute libre. Je vois que ça comme explication, car c'est ce qu'on constate en lisant les forums ou blogs ou FB, hélas.
RépondreSupprimerPour Mr Morancho, je ne pense pas que d'être ou pas au FIBD fera que SL sera un best sellers ou pas parmi l'énorme production actuelle, tout est bien bien noyé.
Mais des sommes faramineuses sont brassées à ce FIBD, et les principaux concernés n'en voient pas la couleur, ça, ça me dépasse totalement !!!
Un peu si comme au foot, les joueurs jouaient gratuitement et que les clubs gardent tout pour eux. là, il y a un coté totalement hallucinant !
Ayant eu quelques retours de certaines personnes sur des festivals comme celui-ci, effectivement ça ne m'attire pas non plus...alors j'imagine du coup pour les auteurs !!!
RépondreSupprimerEt tant mieux que tu te réserves pour des festivals comme la Seyne où on pourra enfin se rencontrer...et puis au moins tu auras le soleil ;-p
En tout cas ça fait le buzz et au moins tu dis tout haut ce que d'autres auteurs pensent tout bas.
Les amis, je n'avais pas l'attention d'attirer les regards sur moi de cette façon, c'est d'ailleurs sans importance, juste qu'en janvier, tout le monde me demande "alors, tu vas à Angoulême ?"... Et en fait, non.
RépondreSupprimer@ Jacques: Vous savez, je n'ai pas "passé de billet sur ActuaBD", ce sont eux qui ont repris des extraits de ce que je disais ici. Dont il n'y a pas une ligne à retirer, sans que ce soit non plus essentiel...
RépondreSupprimerJe ne comprends pas bien ton billet car pour moi, les dédicaces c'est pas pour se faire du fric mais pour rencontrer son public. Or là tu parles bcp d'argent et je trouve ça limite, même si je peux le comprendre aussi. Perso j'ai jamais associé dédicace avec argent car franchement j'ai 3,5% sur les ventes donc pas de quoi grimper au plafond non plus ! (je suis illustratrice).
RépondreSupprimerSi tu es ecrivain tu fais les salons du livre, si tu es acteur tu fais la promo... tout ça SANS être payé, ça fait parti du job. Un écrivain peut refuser de faire les salons, un acteur non, c'est signé dans le contrat. Donc déjà tu es libre d'y aller ou pas, rien ne t'y oblige à part... toi !
Or à te lire on dirait que tu es "menacé" par tes éditeurs, comme si tu n'avais pas le choix ? Tu n'es pas libre ? On dirait que tu as accumulé bcp de frustrations sans parler, aussi ça se termine en un grand "NON!".
Je me demande donc pourquoi tu n'as pas parlé avant, pourquoi tu n'a pas dis "non" avant ?
Je te dis cela car j'ai appris peu à peu à mettre mes limites et à dire non à certaines choses (je me fais même rembourser les frais de métro-banlieue quand je dédicace dans la ville où j'habite Paris, car je ne veux plus payer même les mini frais, je fais 4h de dédicace maximum, je ne dédicace pas sur les feuilles blanches, si je ne suis pas bien reçu sur un salon je zappe la fois d'après (genre un où il faisait tellement froid qu'on a tous eut la crêve après)...
Tout ça pour garder l'envie et faire ça avec légereté sinon ça prend trop d'énergie.
Ce qui me gêne dans ton message c'est qu'on dirait que tu attends que les gens d'angouleme changent alors qu'en fait j'ai l'impression que c'est toi qui ne met pas tes limites donc je me demande comment on peut te respecter dans ces cas là ?
Après c'est juste mon avis, je ne dis pas que j'ai raison mais j'ai du mal à te comprendre.
Au plaisir de te lire,
Camille
Camille, je n'ai pas du tout dit que je faisais les dédicaces pour du fric. Certainement pas. D'ailleurs je fais une douzaine de dates par an alors que depuis quelques années, rien de ce que je signe en festival ne me revient en DA/ Puisque les avances touchées ne sont plus remboursées, vu la chute des ventes.
RépondreSupprimerEt c'est le cas pour tout le monde...
Alors je crois que vous n'avez pas bien lu. Je dis essentiellement qu'Angoulême (et juste ce salon-là) est un truc incontournable pour un auteur, mais que moi - petit auteur moyen je vous le concède - je le contourne de mon plein gré.
C'est de moi qu'il s'agit, je ne fais pas de battage pour lancer un mouvement. Et je reconnais bien volontiers que le fait que je n'y aille pas est en soi un non-événement
Angoulême et les gens qui s'en occupent brassent beaucoup d'argent que les auteurs qui sont les acteurs principaux du truc ne voient pas. Un tas de gens s'engraissent sur la bête, mais pas ceux qui produisent les albums. Dont les contrats sont de pire en pire et les revenus baissés d'année en année de façon drastique.
Bien sûr que je continue à aller ailleurs, sans penser à ce que ça rapporte. Ou pas...
Mais je veux que le ratio plaisir/déplacement soit inclus dans la prestation, sinon autant rester chez soi, à travailler ou être en famille, plutôt que d'aller se fatiguer pour des nèfles, à part une gloire bien éphémère qui ne paye pas les notes de téléphone ou les pensions alimentaires.
Je choisis les endroits où je souhaite aller, n'ai aucune crainte de mes éditeurs que j'ai toujours considéré comme des partenaires et pas comme des patrons qui m'imposeraient d'aller signer des bouquins, dont plus un centime ne me revient.
Vous êtes dans l'éternel discours "on est des artistes et les artistes ça parle pas d'argent," mais c'est un truc dont se servent ceux qui payent, précisément et qui s'en servent dans leur discours.
Sauf que comme tout le monde, j'ai un loyer, et les choses de la vie à payer, et qu'aucune profession n'accepte sans se fâcher des diminutions énormes de ses revenus.
On propose actuellement aux gens qui veulent faire des albums des prix deux fois moins élevés que quand j'ai commencé il y a plus de 30 ans... Il n'y a quasiment plus de paiements en acquit, sauf pour les têtes de série.
On peut se mettre la tête dans le sable et dire que l'argent c'est sale, mais de toute façon, si je voulais gagner des fortunes je ferais un autre job. Or j'aime la BD.
Comme vous.
Le premier commentaire de Phil m'a laissé perplexe : existe-t-il vraiment des éditeurs, aussi petits soient-ils, qui enchaînent à ce point les auteurs à leurs stands ? Si c'est le cas, il faudrait commencer par les mentionner pour avertir d'autres auteurs, ça serait utile, si on veut faire bouger.
RépondreSupprimerOui, Alain. J'ai vu ça, de mes yeux. Mais je n'ai jamais été dans ce cas.
RépondreSupprimer