09 janvier 2013

Humeur de janvier...

Comme chaque année fin janvier, s'en revient la neige (si, un peu...) et Angoulême. Pour la 40ème fois.

Je n'irai évidemment pas plus cette année que les précédentes, je crois que tout les gens qui passent ici me lire savent très bien ce que je pense de cette manifestation boursoufflée où les Auteurs de BD qui sont l'essence même d'un festival d'ordinaire, ceux que le public vient voir bien au-delà des expos en tout genre, passent loin derrière les préoccupations de ceux qui organisent.

Vaste barnum qui brasse des millions d'euros de sponsors et de subventions engraissant un petit nombre d'initiés, mais dont les acteurs principaux ne voient pas la couleur ? C'est ma principale récrimination. J'ai passé l'âge d'aller travailler gratuitement à la chaîne quand d'autres en font un métier à l'année et rentabilisent à mort... À combien cette fois, le "passeport trois jours" donnant la possibilité d'entrer sous des tentes... pour acheter des albums ? Comme si tu payais pour entrer chez Leclerc (nom pris au hasard, évidemment...) et avoir le droit de faire tes courses...

Quelle proportion revient aux dessinateurs présents ?

Vous savez pas ? Moi non plus. Et le métier se paupérise d'année en année sans que personne ne s'en inquiète.

Remarquez c'est comme quand vous achetez un album, en dédicace. Vous faites plaisir à l'auteur derrière la table, mais la plupart du temps, vous ne savez pas que comme il a été payé en avance sur droits, rien ne lui revient sur vos 12, 14 ou 20 euros (le prix des albums devient aussi une folie..) avant des années et un nombres d'exemplaires vendus qui frise l'impossible au vu des ventes qui s'écroulent.

... Si je signe Poker Face, par exemple, que j'en dédicace un, 1000 ou aucun sur le weekend, ça ne change rien, pas un centime d'euro ne me reviendra avant des années.

En fait rien ne me reviendra du tout jamais dans ce cas précis, puisque la série est déjà morte, arrêtée au tome 2. Une habitude fâcheuse des éditeurs, ça. Qui énerve ceux qui ont cru dans le titre, acheté et se retrouvent avec des premiers tomes de séries avortées dont ils n'auront jamais la suite et encore moins la fin. Tiens, Poker Face précisément: sortie du 1 en juin 2011, du 2 en janvier 2012 et pis c'est tout !

... Fonteneau, le scénariste, l'avait conçue en sept tomes sa série, c'est dire.

Pour revenir en Charente. L'an passé j'avais écrit un truc sur Angoulême qui avait attiré l'oeil taquin de Didier Pasamonik et été repris par ActuaBD, créant (une mini) polémique, du coup, ce qui n'était pas le but. Je donne ici mon opinion sur un métier que je pratique depuis 1977 et rien d'autre pour mes amis, je conçois très bien que d'autres apprécient ce que je n'aime pas. Du tout.

"Erik Arnoux: Pourquoi je n'irai pas à Angoulême..." C'était marrant et instructif quand à l'agressivité des internautes planqués sous pseudos derrière leurs écrans, j'ai eu des réponses dans les forums du genre: "c'est parce qu'il est pas invité, ce gros nul que personne ne connait à part sa famille..."  Pour la famille, c'est pas faux. Et encore... J'étais invité, d'ailleurs.

Le seul vrai pincement, c'est de se dire que c'est aussi le moyen de rencontrer une multitude de bons copains du métier qu'on ne voit pas le reste de l'année...

Pour le reste, les lecteurs, ils commencent à savoir qu'il y a en gros quinze festivals par weekend partout en France, allez voir sur opaleBD... Et que pour rencontrer ses auteurs favoris, on n'a que l'embarras du choix. Bon festival...

8 commentaires:

  1. Et le job gratuit, ( dédicaces ) aucune autre profession ne le connait. ca flatte l'égo de cerains imbéciles, qui vont " à la rencontre de leur public, mais au final , ça remplit surtout les poches de l'éditeur, bien content de tomber sur des crétins pareil bossant gratuitement pour lui, qui déjà doit les sous payer . NO DEDICACE !!!

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  2. Ou alors payées, Thomas. Je viens d'aller à Saint Gilles il y a quelques semaines, et on a été "dédommagés" très correctement de notre déplacement professionnel. En plus des frais pris en charge, bien entendu.

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  3. Chez ERIK, ton plombier ne viendra jamais chez toi un week end réparer gracieusement ta fuite d'eau, idem pour TOUS les autres métiers. Comme tu dis, signer un w-end, 50 ou 300 livres ne te rapportera pas un centime de plus car il est très dur aujourd'hui d'arriver à "dépasser" l'avance sur travaux. Que reste - il : rencontrer les potes auteurs, ça fait du bien certes mais avec tout ce qu'on entend ces jours-çi, leurs propos peuvent aussi te plomber gravement le moral. Et la fatigue du voyage et des heures à signer, il faut bien 2 jours pour s'en remettre. Bref moi je ne fais plus ça.

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  4. Autre chose, j'ai souvent des jeunes auteurs débutants qui me demandent comment "entrer" dans ce métier,
    je ne peux leur dire la vérité, en 2013 un 1er album, sauf miracle se cassera la gueule, sera pas "vu" et se vendra pas, ils auront espéré mais RIEN n'arrivera sinon que leur série n'ira pas loin et qu'ils seront en général viré. Si je leur dit celà, ils auront l'impression que je défend mon beefsteack en leur otant l'envie de venir marcher - éventuellement - sur mes plates bandes ( quoiqu'avec 5000 sorties par an ... ) donc je répond en général jamais, MAIS et vous, dans ce même cas, de sollicitations de jeunes, que leur dites vous ? la vérité ou autres choses ?

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  5. évidemment la vérité. Le contraire serait absurde. Quand à tes histoires de plombiers qui ne se déplacent pas, ça fait 15 ans que je le dis. Je vais dans tes festivals que je choisis, principalement pour retrouver des copains et me changer les idées. Pas question de me retrouver dans des galères.

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  6. Tu leur dis la vérité, et bien moi je peux pas - à mon sens celle-çi est tellement incroyable, métier dur, qui paye pas, sauf à aller très vite avec dessin "jetés" SANS STATUT véritable, l'administration française ne nous connait pas, j'en fais l'expérience chaque jour, ON N'A PAS DE STATUT REEL !!! on ne peux pas être malade ou toucher des assedics comme les intermittents du spectacle. ON travaille, souvent comme des chiens mais on n'existe PAS !!!
    Tant que les auteurs seront individualistes à mort, au lieu d'être ensemble pour faire avancer les statuts de leurs job, on n'existera pas. Sorry de spammer ton blog, mais pour une fois que je tombe sur quelqu'un qui a 30 ans de métier, ça fait du bien de discuter, même si le constat final sera noir ;-)

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  7. Masquer la réalité n'est pas un service à rendre à ces jeunes auteurs que tu évoques.

    Quand à l'individualisme, j'ai choisi ce job précisément pour ça... ça coûte cher, mais c'est aussi quand ça marche un réel agrément... Quand ça marche.

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  8. Je masque pas la réalité, je refuse tout simplement de répondre, parfois je les envoie vers d'autres auteurs

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