08 octobre 2007

Couleur : miel...

Le "choc du mois en BD" en ce qui me concerne. De l’année, même…

Jung , édité par Delcourt est un confrère à la compagnie agréable croisé quelquefois lors de séances de dédicaces avec sa femme et sa fille.

Un Auteur au parcours professionnel classique avec quelques bons albums à son actif...

Mais à 36 ans, ce garçon avait aussi en lui des blessures, des souffrances, bref des choses à raconter sur lui que beaucoup ignoraient et vont découvrir...

... Que narre-t-il ? Des choses enfouies sur son enfance de petit orphelin coréen adopté, changeant brutalement de vie et de continent pour débarquer à l’âge de 5 ans en Europe, dans la Belgique profonde du début des années 70, au sein d’une famille d’accueil d’Outre-Quievrain

Un déracinement, l'apprentissage douloureux de la différence...

Cette histoire, SON histoire, il me l’avait racontée en détail et sous le feu de mes questions voici près d’un an lors d’un déjeuner de festival, à Nantes. Foncièrement épaté par ce récit, je me rappelle lui avoir dit que ce serait bien d'en faire une BD, ce à quoi il m'avait répondu avec un petit sourire en coin qu'il était justement en train d'y travailler sous forme de "roman graphique" selon l'expression usitée...

C’est fait. Sorti il y a quelques jours, son "Couleur de peau : miel…" narre son enfance, ses souffrances, ses joies, sa différence et son histoire d’enfant déraciné qui doit se reconstruire au travers de 143 planches magnifiques, poignantes, toutes empreintes de pudeur et de sensibilité.

Parfois cru, bouleversant ou drôlissime, mais toujours poétique et mélancolique, avec un graphisme qui convient parfaitement pour le sujet, Jung nous offre une petite merveille en lavis de noir et blanc et en petit format édité chez Quadrant Solaire que je vous engage à aller découvrir, toutes affaires cessantes. Il sera toujours temps de poursuivre vos séries classiques ensuite.

Quand la BD frise le sublime, histoire de mettre une claque à tous ces gens qui pensent encore que c’est un art mineur ou le parent pauvre de la littérature, observant parfois avec hauteur notre petit monde graphique.

Il faut reconnaître que nous n’avons pas tous un ressenti et une histoire personnelle aussi intense à offrir à nos lecteurs, ce qui ne nous empêche nullement de joliment faire vivre nos héros quand même, forcément plus par procuration toutefois, ce qui n'est déjà pas mal…

Mais là, c’est une dimension tout autre avec le poids du vécu, du réel que je vous invite à découvrir. Jung insuffle dans ce livre qui prend aux tripes toute l’âpreté et la profondeur de son vécu et ça se ressent à la lecture, croyez-moi.

Chapeau, l’artiste.

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